Genève/ New York/ Oslo, le 20 mai 2022 – Près de 18 mois après la première administration du vaccin contre la COVID-19, des progrès incroyables ont été réalisés – les pays à faible revenu ont administré des milliards de vaccins contre la COVID-19 dans le cadre d'un déploiement mondial historique sans précédent en termes de vitesse, d'échelle et de démographie. Pourtant, malgré ces progrès et l’atténuation des contraintes d'approvisionnement au niveau mondial, les inégalités entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé continuent de coûter des vies et de prolonger la pandémie, en augmentant la menace que représente l'émergence de nouveaux variants du virus, potentiellement plus dangereux.
Seulement 16 % des habitants des pays à faible revenu ont reçu une dose de vaccin, contre 80 % dans les pays à revenu élevé. Dans certains pays à faible revenu, un grand nombre de personnes parmi les populations les plus à risque (personnel de santé, personnes âgées et personnes souffrant de problèmes de santé sous-jacents) ne sont pas protégées alors que de jeunes adultes en bonne santé reçoivent des doses de rappel dans les pays riches.
Le monde doit agir de toute urgence pour réduire ces inégalités.
Après une année de fortes contraintes, nous nous trouvons aujourd'hui dans une situation qui aurait semblé impossible il y a deux ans : l'offre mondiale est désormais suffisante pour atteindre l'objectif premier d’une vaccination complète et équitable de toutes les populations adultes et adolescentes dans le monde. COVAX a accès à plus de doses qu'il n'en faut pour permettre aux 91 pays à faible revenu bénéficiant de la garantie de marché (AMC) COVAX (qui fournit des doses de différents vaccins contre la COVID-19 financées par les donateurs) d'atteindre leurs objectifs nationaux à la lumière de l'objectif mondial de l'OMS consistant à protéger 70 % de la population de chaque pays. Nous pouvons aider ces pays à atteindre leurs objectifs individuels et à viser en priorité la couverture vaccinale complète des groupes à haut risque. Conformément à la feuille de route du SAGE actualisée en janvier 2022, qui recommande des rappels pour les groupes prioritaires, COVAX accepte désormais les demandes de doses pour des campagnes de rappel et encourage les pays à le faire.
COVAX est également bien placé pour acheminer ces vaccins jusqu’à ceux qui en ont besoin. En 15 mois à peine, COVAX (le pilier vaccins de l’Accélérateur-Act mis en place pour assurer un accès équitable aux outils de lutte contre la COVID-19) a expédié plus de 1,4 milliard de doses de vaccin à 87 pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure à travers le monde. Les expéditions de COVAX représentent 82 % des livraisons de vaccins aux pays à faible revenu et la majorité des vaccins contre la COVID-19 administrés dans les contextes humanitaires. Grâce à cet effort de vaccination, le plus rapide, le plus important et le plus complexe de toute l'histoire, le travail de COVAX a permis de porter à 46 % la proportion moyenne de personnes protégées par une série complète de vaccins dans ces pays à revenu faible ou intermédiaire de la tranche inférieure.
Il s'agit maintenant de s'appuyer sur ces fondements pour aider les pays à protéger pleinement les groupes à haut risque, à atteindre leurs objectifs nationaux de vaccination et à mettre fin définitivement aux inégalités en matière de vaccination contre la COVID-19. Mais il reste encore des obstacles à surmonter : la demande de vaccins et leur utilisation restent limitées, les pays à faible revenu étant les plus en retard.
Avec plus de 3,8 milliards de doses de vaccins contre la COVID-19 administrées à ce jour, les gouvernements des pays à faible revenu ont ouvert la voie. Le nombre de pays dont la couverture est inférieure à 10 % de la population est passé de 34 en janvier 2022 à 18 aujourd’hui. Certains des pays bénéficiant de l’AMC (Bhoutan, Cambodge, Viet Nam, Maldives, îles Fidji et Bangladesh) ont une couverture vaccinale supérieure à 70 %.
Les pays les plus en retard reçoivent un soutien adapté, dans le prolongement des efforts de préparation déployés jusqu’ici. En janvier 2022, l'OMS, l'UNICEF et Gavi ont créé le Partenariat pour la fourniture du vaccin contre la COVID-19 (CoVDP), initiative interinstitutions qui s'appuie sur les ressources existantes aux niveaux mondial, régional et national, dans le but de faciliter la distribution des vaccins contre la COVID-19 dans les pays à faible revenu. Le CoVDP fournit en urgence un soutien opérationnel aux 34 pays dont la couverture vaccinale totale était égale ou inférieure à 10 % en janvier 2022, beaucoup de ces pays se situant en Afrique. Mi-avril 2022, les trois organisations membres du CoVDP se sont coordonnées pour débourser en urgence (en moins de quinze jours ouvrables) un financement d’un montant total de 29 millions de dollars US au profit dix pays. Le CoVDP a mobilisé les instances politiques de plusieurs des pays dont le taux de vaccination est parmi les plus faibles, pour s’assurer du maintien de la vaccination en tête de leurs priorités et de leur volonté d’intégrer la vaccination contre la COVID-19 aux autres interventions sanitaires.
Toutes ces initiatives, et notamment celle du CoVDP, permettent aux pays à faible revenu de progresser, mais il reste encore des difficultés à surmonter. Dans de nombreux pays, la perception du risque lié à la COVID a diminué avec la dominance d’Omicron, tandis que l’attention des gouvernements et des populations s’est tournée vers d'autres priorités concernant la santé. Mais les opportunités d’intégration de la vaccination contre la COVID-19 à d'autres activités sanitaires (campagnes de vaccination contre la rougeole ou la poliomyélite, distribution de moustiquaires contre le paludisme) se font plus fréquentes. La vaccination contre le SARS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, est également l’occasion de renforcer les systèmes de santé, sachant qu’elle nécessite la formation d’agents de santé, le renforcement des systèmes informatiques de gestion sanitaire, l’amélioration de la chaîne du froid, et l’élaboration de nouvelles méthodes de travail pour les situations de fragilité et les zones de conflit.
Comme nous dialoguons en permanence avec les pays soutenus par l'AMC, nous savons que la demande est très fluctuante et difficile à prévoir, même pour eux. Grâce à la contribution de leurs gouvernements, COVAX est en mesure de faire une première estimation de la demande globale des pays bénéficiant de l'AMC. D'après notre analyse des dernières prévisions qu’ils nous ont fournies, leur demande auprès de COVAX pour la période s’étendant entre maintenant et le début de l’année 2023 pourrait se situer aux environs de 330 millions de doses de vaccin, qui viendront s’ajouter à celles qu’ils ont déjà reçues ou acceptées. Mais ces chiffres peuvent changer et continuer à évoluer en fonction de la situation sur le terrain et de l'apparition de nouveaux variants. C'est pourquoi COVAX va travailler auprès des gouvernements pour mettre continuellement ces estimations à jour.
Pour continuer à réduire sensiblement les inégalités en matière de vaccination, nous appelons de toute urgence les pays à se fixer des objectifs ambitieux, et à les adosser à des plans concrets pour leur réalisation - en donnant la priorité à la couverture vaccinale complète de tous les groupes à haut risque. Nous appelons également tous nos partenaires à se coordonner pour fournir aux pays les ressources dont ils ont besoin pour accélérer et amplifier le déploiement de leurs stratégies, stimuler la demande et surmonter les goulets d'étranglement qui subsistent au niveau opérationnel. Les trois ou quatre prochains mois seront cruciaux pour accélérer les campagnes de vaccination contre le SARS-CoV-2 et intégrer les efforts de vaccination contre la COVID-19 dans les systèmes de santé primaires de routine.
L'offre mondiale est désormais suffisante pour répondre aux besoins, ce qui témoigne du travail de pionnier effectué par la communauté scientifique et l’industrie, tout comme le fait qu'il n'aura fallu que 327 jours pour passer du séquençage du SARS-CoV-2 et sa publication à l'utilisation d'urgence d'un vaccin contre la COVID-19.
Alors que nous nous efforçons d'aider les pays à déployer encore davantage la vaccination contre la COVID-19, nous devons également veiller à ce que l'approvisionnement reste suffisant, et que les vaccins soient disponibles au bon moment. COVAX a connu des retards de livraisons en 2021. De nombreuses doses provenant d'accords d'achat anticipé sont maintenant disponibles en même temps que celles qui proviennent de dons. Avec des surproductions et les fluctuations de la demande des pays, il est très probable que l'offre globale dépasse la demande. COVAX travaille toutefois avec les fabricants pour les aider à être plus réactifs à l'évolution de la demande.
Cette situation dans laquelle l’offre mondiale et celle de COVAX dépassent la demande est avantageuse en cas de pandémie, car elle garantit à tous les pays la possibilité de pouvoir disposer de vaccins à long terme et de choisir le produit qui leur convient. La priorité doit être maintenant de protéger rapidement les populations. C'est fondamental, étant donné que 2021 a clairement démontré l'impact d'un approvisionnement sporadique et imprévisible sur la capacité à planifier et déployer les campagnes de vaccination des pays dont les systèmes de santé ont des moyens limités. L’assurance d’être approvisionné permet aux pays de planifier les campagnes de vaccination nationales avec plus de confiance, de disposer en permanence d’un stock de vaccins et de les déployer efficacement et sans heurts.
Il faut tout faire pour minimiser les pertes de vaccins pour cause de péremption. Les pays à faible revenu, quant à eux, doivent être en mesure d'accepter et d’utiliser les doses fournies, et avoir un objectif élevé, ce qui ne permet pas, toutefois de les stigmatiser en cas de gaspillages, inévitables lors des campagnes de vaccination, quelle que soit la maladie et quel que soit le pays concerné.
COVAX entend fournir aux pays un approvisionnement prévisible à long terme, en s’adaptant à tous les contextes et en maintenant des réserves permettant de s’assurer que l'offre peut suivre les variations de la demande. Cela implique de travailler avec les fabricants et les donateurs pour s'assurer que COVAX pourra disposer de tout nouveau vaccin adapté à tout nouveau variant, en même temps que les pays à revenu élevé.
Nous appelons les pays donateurs et les producteurs de vaccins à soutenir COVAX en veillant à ce que le volume et le calendrier des livraisons correspondent le mieux possible aux besoins des pays à faible revenu. Les donateurs doivent aider COVAX à maintenir un portefeuille diversifié, comprenant si besoin des vaccins adaptés aux nouveaux variants. Les fabricants doivent collaborer avec COVAX pour rééchelonner ou redimensionner l'approvisionnement à partir des accords d'achat anticipé existants.
Le monde est actuellement assailli par de nombreux problèmes et de nombreuses crises ; mais cela ne change rien au fait que la pandémie – notre crise collective – est loin d'être terminée. La communauté internationale doit continuer à se fixer comme priorité absolue de mettre fin aux inégalités en matière de vaccination.
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